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La mondialisation des ressources humaines

La mondialisation des ressources humaines

Inscrit à l’agenda 2013 des partenaires sociaux, le thème de la qualité de vie au travail est également devenu une préoccupation majeure des entreprises. Mieux, le bien-être professionnel est en passe de devenir un authentique sujet managérial. Avec une idée-force : le plaisir au travail dope la performance.

Investir dans le bien-être professionnel des salariés, garantir une bonne ambiance de travail ? Voici quelques années encore, l’idée aurait paru saugrenue. Elle fait maintenant partie des préoccupations majeures des entreprises. Bien sûr, la vague de suicide qui a frappé certains grands groupes y a contribué : aucun dirigeant normalement constitué n’a envie de se retrouver dans la situation qui a été celle de l’ancien PDG d’Orange… Prévenir les risques psychosociaux fait donc maintenant partie des attributions officielles des directions des ressources humaines et des managers.

Le travail comme épanouissement

Mais, le mouvement est en réalité plus profond encore. Il traduit la volonté des entreprises de prendre en compte les mutations qui affectent la société et le monde du travail. Dans une récente intervention prononcée devant l’Académie des sciences morales et politiques, Dominique Méda, inspectrice générale des Affaires sociales et sociologue, les résumait ainsi : « On attend désormais du travail, non plus seulement un revenu, mais bien plus. On attend un épanouissement, on attend de faire une œuvre. On attend de pouvoir dire aux autres qui l’on est réellement[1]. » Une évolution particulièrement marquée parmi les nouvelles générations qui, bien davantage encore que leurs aînés baby-boomers, ne veulent pas « perdre leur vie à la gagner ».

Dans un tel contexte, les entreprises n’ont plus le choix : pour attirer et conserver les talents, le bonheur professionnel des salariés devient crucial. D’autant que le travail lui-même a changé. Alors que, dans les organisations tayloristes, la performance naissait de l’obéissance et de la docilité, dans un environnement économique instable, elle résulte plutôt de la réactivité, de l’inventivité et donc de l’engagement des salariés. Autant de qualités que les collaborateurs ne développent que s’ils sont heureux dans leurs jobs. Sur les lignes de montage à la chaîne de jadis, l’ambiance n’était pas cruciale. Dans une entreprise sommée de réagir avec agilité aux mutations de son environnement et de réinventer sans cesse son métier si ! D’où une petite révolution managériale : « Parce qu’un salarié épanoui est un salarié performant, promouvoir le bien-être au travail est une stratégie gagnant-gagnant que cultivent de plus en plus d’entreprises », rapporte Marketing Magazine[2].

Une vraie question managériale

Mais comment relever le défi du bien-être professionnel ? Dans un premier temps, probablement inspirée par les reportages vantant les locaux colorés de Google, nombre de grands groupes ont misé sur le développement d’équipements spécifiques : salles de sport, conciergeries, lieux de détentes et autres cafétérias design. Leur désir : réinsuffler dans leur organisation l’esprit créatif et fun propre aux start-up. Les suicides de cadres travaillant dans l’hypermoderne Technocentre de Renault ont sonné le glas de cette illusion. S’il peut être facilité par des locaux agréables, le bonheur professionnel résulte avant tout de la qualité du travail et de la relation managériale.

Directeur du Great Place to Work Institute France, un organisme délivrant chaque année après enquête un label de qualité de vie au travail, Patrick Dumoulin avait déjà insisté sur ce point : « Ce n’est pas l’amoncellement de moyens qui fait la qualité de la relation. Dans les entreprises où il fait bon travailler, les salariés doivent avoir réellement confiance dans leur encadrement, être fiers du travail qu’ils accomplissent et de l’entreprise dans laquelle ils évoluent[3]. » Jeunes patrons de la société Wonderbox, leader sur le marché français des coffrets cadeaux de voyages et de découvertes, Bertile Burel et James Blouzard confirment ce jugement. « Nous avons créé notre entreprise pour assouvir notre passion commune des escapades. Cela a été notre moteur et nous sommes très attentifs à l’entretenir aussi chez nos salariés, malgré la croissance importante qui a été la nôtre. Car nous savons que la passion et la fierté du travail bien fait sont des gages de qualité. Tout particulièrement dans une entreprise de services, comme la nôtre. »

Cultiver l’esprit « laboratoire d’idées »

Chez Wonderbox, ce discours s’est traduit par des actes forts et concrets comme l’installation du central d’appels de la société au siège même de la société. Cette décision, source de coûts beaucoup plus importants que si Wonderbox avait délocalisé, s’est révélée payante. « Nous avons démontré à chacun de nos salariés que nous accordions de l’importance et de la valeur à leur travail. En les maintenant à nos côtés, nous avons aussi maintenu la cohésion du groupe et le sentiment partagé de participer à une aventure collective. Enfin, cette proximité facilite les relations humaines et professionnelles. Comme nous travaillons tous ensemble, on se parle quotidiennement, on échange des idées, on réfléchit spontanément aux changements à mettre en œuvre, bref, on s’amuse en travaillant et en imaginant ensemble. Car l’ambiance résulte des relations. Elle révèle la nature collective et même communautaire des entreprises », expliquent Bertile Burel et James Blouzard.

À les entendre, une bonne ambiance de travail stimule la créativité, l’engagement et aussi le plaisir dans un esprit d’amélioration continue qui bénéfice à tous : aux salariés et aux clients bien sûr, mais aussi… dirigeants ! « Cet esprit start-up nous stimule aussi. Elle évite la lassitude, la morosité, la solitude que ressentent parfois certains de nos collègues », reconnaît la fondatrice de Wonderbox. Avant de lâcher : « Je ne pourrais pas diriger une entreprise où les salariés travaillent sans plaisir, entrain ni désir ». Une façon de voir qui rejoint les observations réalisées sur le terrain par les meilleurs experts. Coach et formateur en management, Philippe Laurent écrit : « La bonne ambiance est un esprit qui vitalise, un air qui revigore, un espace où l’humour a sa place, avec la franchise et la transparence. Les gens ont plaisir à travailler ensemble, les processus sont plus simples, les gens se rencontrent pour résoudre les problèmes, du coup il y en a moins ». Et de conclure : « L’ambiance de travail est aussi vitale que l’oxygène dans l’air[4]. »

Le bonheur est dans le travail

Est-ce à dire que les dirigeants et les managers sont condamnés à devenir des sortes d’agents d’ambiance, des gentils animateurs ? Pas le moins du monde ! Car au travail, la bonne ambiance et le bonheur ne peuvent résulter longtemps des seuls aspects annexes de la vie de bureau ou d’atelier. Ils doivent provenir directement du travail lui-même, de son intérêt et de la façon dont il est organisé. À l’issue d’une étude portant sur 15.000 personnes, le chercheur américain Matthew Killingsworth a ainsi mis en évidence que « le bonheur au travail résulte avant tout de l’interaction avec les collègues, du projet dans lequel nous sommes investis et de la qualité des contributions quotidiennes »[5]. Une remarque qui révèle que la bonne ambiance « au travail » est d’abord une bonne ambiance « de travail ». On ne saurait mieux souligner que cela relève directement du management !

[1] Son intervention peut être écoutée intégralement sur la webradio de l’Institut de France : www.canalacademie.com.

[2] Marketing Magazine, octobre 2010.

[3] www.greatplacetowork.fr.

[4] http://www.lexpress.fr/emploi-carriere/emploi/l-ambiance-de-travail-est-aussi-vitale-que-l-oxygene-dans-l-air_1192915.html

[5] “The Future Of Happiness Research”, par Matthew Killingsworth, Harvard Business Review, janvier-février 2012, cité in La Lettre Alter&Go, n°61, février 2012.

Management : la bonne ambiance fait le bon travail !

Management : la bonne ambiance fait le bon travail !

Inscrit à l’agenda 2013 des partenaires sociaux, le thème de la qualité de vie au travail est également devenu une préoccupation majeure des entreprises. Mieux, le bien-être professionnel est en passe de devenir un authentique sujet managérial. Avec une idée-force : le plaisir au travail dope la performance.

Investir dans le bien-être professionnel des salariés, garantir une bonne ambiance de travail ? Voici quelques années encore, l’idée aurait paru saugrenue. Elle fait maintenant partie des préoccupations majeures des entreprises. Bien sûr, la vague de suicide qui a frappé certains grands groupes y a contribué : aucun dirigeant normalement constitué n’a envie de se retrouver dans la situation qui a été celle de l’ancien PDG d’Orange… Prévenir les risques psychosociaux fait donc maintenant partie des attributions officielles des directions des ressources humaines et des managers.

Le travail comme épanouissement

Mais, le mouvement est en réalité plus profond encore. Il traduit la volonté des entreprises de prendre en compte les mutations qui affectent la société et le monde du travail. Dans une récente intervention prononcée devant l’Académie des sciences morales et politiques, Dominique Méda, inspectrice générale des Affaires sociales et sociologue, les résumait ainsi : « On attend désormais du travail, non plus seulement un revenu, mais bien plus. On attend un épanouissement, on attend de faire une œuvre. On attend de pouvoir dire aux autres qui l’on est réellement[1]. » Une évolution particulièrement marquée parmi les nouvelles générations qui, bien davantage encore que leurs aînés baby-boomers, ne veulent pas « perdre leur vie à la gagner ».

Dans un tel contexte, les entreprises n’ont plus le choix : pour attirer et conserver les talents, le bonheur professionnel des salariés devient crucial. D’autant que le travail lui-même a changé. Alors que, dans les organisations tayloristes, la performance naissait de l’obéissance et de la docilité, dans un environnement économique instable, elle résulte plutôt de la réactivité, de l’inventivité et donc de l’engagement des salariés. Autant de qualités que les collaborateurs ne développent que s’ils sont heureux dans leurs jobs. Sur les lignes de montage à la chaîne de jadis, l’ambiance n’était pas cruciale. Dans une entreprise sommée de réagir avec agilité aux mutations de son environnement et de réinventer sans cesse son métier si ! D’où une petite révolution managériale : « Parce qu’un salarié épanoui est un salarié performant, promouvoir le bien-être au travail est une stratégie gagnant-gagnant que cultivent de plus en plus d’entreprises », rapporte Marketing Magazine[2].

Une vraie question managériale

Mais comment relever le défi du bien-être professionnel ? Dans un premier temps, probablement inspirée par les reportages vantant les locaux colorés de Google, nombre de grands groupes ont misé sur le développement d’équipements spécifiques : salles de sport, conciergeries, lieux de détentes et autres cafétérias design. Leur désir : réinsuffler dans leur organisation l’esprit créatif et fun propre aux start-up. Les suicides de cadres travaillant dans l’hypermoderne Technocentre de Renault ont sonné le glas de cette illusion. S’il peut être facilité par des locaux agréables, le bonheur professionnel résulte avant tout de la qualité du travail et de la relation managériale.

Directeur du Great Place to Work Institute France, un organisme délivrant chaque annéeaprès enquête un label de qualité de vie autravail, Patrick Dumoulin avait déjà insisté sur ce point : « Ce n’est pas l’amoncellement de moyens qui fait la qualité de la relation. Dans les entreprises où il fait bon travailler, les salariés doivent avoir réellement confiance dans leur encadrement, être fiers du travail qu’ils accomplissent et de l’entreprise dans laquelle ils évoluent[3]. » Jeunes patrons de la société Wonderbox, leader sur le marché français des coffrets cadeaux de voyages et de découvertes, Bertile Burel et James Blouzard confirment ce jugement. « Nous avons créé notre entreprise pour assouvir notre passion commune des escapades. Cela a été notre moteur et nous sommes très attentifs à l’entretenir aussi chez nos salariés, malgré la croissance importante qui a été la nôtre. Car nous savons que la passion et la fierté du travail bien fait sont des gages de qualité. Tout particulièrement dans une entreprise de services, comme la nôtre. »

Cultiver l’esprit « laboratoire d’idées »

Chez Wonderbox, ce discours s’est traduit par des actes forts et concrets comme l’installation du central d’appels de la société au siège même de la société. Cette décision, source de coûts beaucoup plus importants que si Wonderbox avait délocalisé, s’est révélée payante. « Nous avons démontré à chacun de nos salariés que nous accordions de l’importance et de la valeur à leur travail. En les maintenant à nos côtés, nous avons aussi maintenu la cohésion du groupe et le sentiment partagé de participer à une aventure collective. Enfin, cette proximité facilite les relations humaines et professionnelles. Comme nous travaillons tous ensemble, on se parle quotidiennement, on échange des idées, on réfléchit spontanément aux changements à mettre en œuvre, bref, on s’amuse en travaillant et en imaginant ensemble. Car l’ambiance résulte des relations. Elle révèle la nature collective et même communautaire des entreprises », expliquentBertile Burel et James Blouzard.

À les entendre, une bonne ambiance de travail stimule la créativité, l’engagement et aussi le plaisir dans un esprit d’amélioration continue qui bénéfice à tous : aux salariés et aux clients bien sûr, mais aussi… dirigeants ! « Cet esprit start-up nous stimule aussi. Elle évite la lassitude, la morosité, la solitude que ressentent parfois certains de nos collègues », reconnaît la fondatrice de Wonderbox. Avant de lâcher : « Je ne pourrais pas diriger une entreprise où les salariés travaillent sans plaisir, entrain ni désir ». Une façon de voir qui rejoint les observations réalisées sur le terrain par les meilleurs experts. Coach et formateur en management, Philippe Laurent écrit : « La bonne ambiance est un esprit qui vitalise, un air qui revigore, un espace où l’humour a sa place, avec la franchise et la transparence. Les gens ont plaisir à travailler ensemble, les processus sont plus simples, les gens se rencontrent pour résoudre les problèmes, du coup il y en a moins ». Et de conclure : « L’ambiance de travail est aussi vitale que l’oxygène dans l’air[4]. »

Le bonheur est dans le travail

Est-ce à dire que les dirigeants et les managers sont condamnés à devenir des sortes d’agents d’ambiance, des gentils animateurs ? Pas le moins du monde ! Car au travail, la bonne ambiance et le bonheur ne peuvent résulter longtemps des seuls aspectannexes de la vie de bureau ou d’atelier. Ils doivent provenir directement du travail lui-même, de son intérêt et de la façon dont il est organisé. À l’issue d’une étude portant sur 15.000 personnes, le chercheur américain Matthew Killingsworth a ainsi mis en évidence que « le bonheur au travail résulte avant tout de l’interaction avec les collègues, du projet dans lequel nous sommes investis et de la qualité des contributions quotidiennes »[5]Une remarque qui révèle que la bonne ambiance « au travail » est d’abord une bonne ambiance « de travail ». On ne saurait mieux souligner que cela relève directement du management !


[1] Son intervention peut être écoutée intégralement sur la webradio de l’Institut de France : www.canalacademie.com.

[2] Marketing Magazine, octobre 2010.

[3] www.greatplacetowork.fr.

[4] http://www.lexpress.fr/emploi-carriere/emploi/l-ambiance-de-travail-est-aussi-vitale-que-l-oxygene-dans-l-air_1192915.html

[5] “The Future Of Happiness Research”, par Matthew Killingsworth, Harvard Business Review, janvier-février 2012, cité in La Lettre Alter&Go, n°61, février 2012.Subscribe to this author’s posts feed via RSS

La mondialisation des ressources humaines

La mondialisation des ressources humaines

L’ouverture des frontières physiques nationales : un grand pas vers l’emploi international

Comme l’écrit si bien Jacques Adda dans La mondialisation de l’économie : « La mondialisation est avant tout un processus de contournement, de délitement et, pour finir, de démantèlement des frontières physiques et réglementaires qui font obstacle à l’accumulation du capital à l’échelle mondiale. »

Dans un tel contexte, le développement de l’emploi international est la suite logique des évènements…

La mondialisation renvoie à la constitution progressive d’un espace mondial unifié. Ce phénomène est donc vecteur d’interactions intensifiées, d’échanges accrus, à tous les niveaux. Aujourd’hui, nous avons un besoin croissant de responsables en logistique, de diplomates, de négociateurs, mais aussi de DRH, avec une approche globale. Le marché mondial converge vers l’unité, et il est maintenant indispensable de savoir gérer des équipes hétérogènes, composées de personnes venant des quatre coins du globe.

L’expansion du Web et l’essor du site de recherche d’emploi : la RH de demain

Si la mondialisation s’exprime dans la sphère « réelle », elle s’exprime aussi dans la sphère digitale, numérique.

Internet est, de nos jours, un outil fondamental qui n’a pas échappé à grand monde, et surtout pas à l’univers entrepreneurial. La toile est devenue, en seulement quelques années, un outil de travail de choix dans bien des professions ; et les ressources humaines sont certainement les plus touchées par ce progrès majeur.

Le site de recherche d’emploi, pour ne citer que lui, est au centre de la nouvelle stratégie des ressources humaines en matière de recrutement. Être visible partout dans le monde, en quelques clics, pour une approche plus directe que jamais : voilà la devise contemporaine des chasseurs de tête.

Néanmoins, même s’il va sans dire que ce développement est une formidable opportunité pour l’avenir, il n’en reste pas moins un point qu’il ne faudra pas amputer aux ressources humaines : la dimension humaine…

L’intelligence artificielle : entre bénéfice et crainte

En effet, dans la mondialisation, la digitalisation, une évolution supplémentaire impacte clairement les ressources humaines tant dans son recrutement que dans sa productivité. Les tchatbots conversent avec les candidats lors des premiers échanges écrits sur les questions de base. Il n’est pas à exclure que la conversation vocale arrive dans les prochains mois de 2019. Chez Pepsi par exemple, le travail d’interview de 1500 candidats se fait en 9 heures quand il se ferait en 9 semaines par les humains.

Sans entrer dans le coté anxiogène de cette évolution dans les ressources humaines, on peut noter que les employés sont à la fois craintif et soulagé de la digitalisation dans les process de travail.

En effet, une enquête menée par KPMG auprès de 1200 cadres démontre que 60% d’entre eux pensent que l’IA supprimera plus de postes qu’elle n’en créera. Dans le même temps, 88% de ces mêmes cadres affirment que les investissements dans l’IA « en valaient la peine ».

La mondialisation prend tout son sens ici, quand on sait, pour revenir sur le cas Pepsi que c’est une startup russe (stafory) qui développe ce tchatbot pour la worldcompany de l’ouest !!